Souvent, pour illustrer la montée de l'extrême droite en France, l'image de la courte échelle est utilisée. François Mitterrand a fait la courte échelle à Jean-Marie Le Pen pour affaiblir la droite. Jacques Chirac a fait la courte échelle à l'extrémisme en ne lisant pas correctement les 82 % recueillis au second tour de 2002 et en ne décidant pas de gouverner avec et pour ces 82 %. Enfin, plus près de nous, Emmanuel Macron a fait la courte échelle à Marine Le Pen avec la dernière loi immigration. La limite avec cette image de la courte échelle est qu'elle laisse penser que celui qui joint ses deux mains pour permettre cette ascension ne bouge pas. Qu'il reste comme deux ronds de flan, les mains jointes, au même niveau. Ce qui, dans le cas de la montée de l'extrême droite en France, est faux.
Il conviendrait donc d'avoir recours à une autre image, plus en phase avec la réalité de ce que la France traverse électoralement. Et pourquoi pas, en dessinant la chose ? Même de manière artisanale. Afin d'avoir une image, une représentation visuelle, plus juste de la situation. Il est même possible de donner cet exercice à son enfant scolarisé en classe de CM1. Il deviendra ainsi, grâce à ce travail pratique, un fin analyste de notre vie politique. Les données sont simples. Elles concernent le second tour de l'élection présidentielle depuis 2002, chaque fois que l'extrême droite s'y qualifie.
En 2002, au second tour de la présidentielle, Jacques Chirac obtient 25,5 millions de voix, Jean-Marie Le Pen, 5,5 millions.
En 2017, Emmanuel Macron obtient 20,7 millions de voix, Marine Le Pen, 10,6 millions.
Enfin, en 2022, Emmanuel Macron obtient 18,7 millions de voix, Marine Le Pen, 13,2 millions.
Ce qui, avec une projection jusqu'en 2027, donne le graphique suivant.