Depuis quelques semaines, une question grave surgit parfois au détour d'un article ou au cours d'une conversation : « Que nous arrive-t-il ? » Une version abrégée de la question : « Que nous arrive-t-il pour que Marine Le Pen soit aux portes de l'Élysée ? » C'est relativement simple. Il y a quarante ans, l'ensemble des dépenses annuelles de communication en France s'élevait à 3 milliards d'euros. Elles permettaient à trois chaînes de télévision, quatre stations de radios et quelques titres de presse écrite, de vivre. Aujourd'hui, que notre environnement est constitué de 220 chaînes de télé, 1 229 radios, des sites internet et des smartphones greffés à nos mains, la facture s'élève à 34 milliards d'euros par an.
La publicité se retrouvant dans les prix, les ménages français de 2023 doivent supporter une facture publicitaire bien plus conséquente que ceux de 1980. La peccadille est devenue une douloureuse, qui revient chaque année. Comme une vague. Comme un nouvel élément structurant de notre consommation.
Heureusement, la science économique commence à se pencher sur ce phénomène. Mesurée l'an passé par l'Institut Veblen et l'association Communication et Démocratie, dans un rapport sur la communication commerciale, la fiscalité en matière de publicité s'est élevée, en moyenne, sur les trente dernières années, à 2,5 %.
Le bilan comptable est simple pour l'État, et on est prié de ne pas rire. Sur les quarante dernières années, environ 1 000 milliards ont été dépensés en pub, marketing, communication - ce que l'on peut englober dans un seul et même ensemble nommé « dépenses de faire savoir » - et sur ces 1 000 milliards, notre fiscalité a prélevé 25 petits milliards. Des miettes pour un État, propriétaire des ondes et fréquences, où une très grande partie de cette valorisation publicitaire s'est faite, et continue de se faire.
Ce qui nous arrive est donc tout bête : nous sommes inadaptés fiscalement.