Il y a trente-cinq ans, les dépenses publicitaires des entreprises étaient ridicules, comparées à ce qu'elles sont aujourd'hui. Elle s'élèvent désormais chaque année à environ 34 milliards ("Le marché publiciatire 2019, Baromètre Unifié du Marché Publicitaire) Résultat, ces 34 milliards qui nous passent devant les yeux, nous les retrouvons dans les prix de ce que nous consommons. Evidemment, vous, Jean-Pierre, vous êtes rémunéré par ce coût caché, la vue est belle !
J'ajoute que ce coût caché a particulièrement bondi chez nous, lorsque les médias audiovisuels se sont développés, que des acteurs privés sont arrivés, car nous avons privatisé TF1. Oui, car nous avons eu cette idée folle ! Faire entrer la France dans les "Quarante Glorieuses" de l'Audiovisuel avec une régie publicitaire privée, en position dominante et gourmande.
Cela ne s'est produit nulle part ailleurs. Aujourd'hui, avant de parler ou d'agir, nos responsables politiques n'ont qu'une même expression à la bouche : « On regarde ce qui se fait ailleurs, chez nos voisins ». Mais en 1987, pas du tout, la dream team de la cohabitation, Mitterrand, Chirac, Balladur et Léotard, ignorait tout des bruits de voisinage.
A cette erreur, la France en a ajouté une autre : nous n'avons pas adapté notre fiscalité. Et là où l'on pourrait attendre d'un État qu'il soit fort, nous avons laissé l'impuissance publique triompher. Nos responsables politiques, pris au piège de la médiatisation, ne parviennent pas à réfléchir à cet écosystème. Comment leur en vouloir ? Comment leur demander d'animer les plateaux télés, de servir de chair à caméra pour gagner en notoriété, et dans le même temps, de réfléchir au coût de la publicité ? C'est ainsi, derrière une cible marketing se cache presque toujours une cible électorale.